Image © Baptiste Coulon
Au sommet, une cabane perchée, éteinte par une nature nouvelle, devient le ballet délicat d’une métamorphose. L’édifice fragmenté, autrefois rigide, danse avec une nature proliférante. Cette pièce célèbre l’union fugace entre l’homme et la nature, où chaque branche et feuillage compose une symphonie éphémère, rappelant la beauté de notre coexistence dans le paysage.
Céramiste de formation, Anja Ripoll réinvente constamment son approche dudit médium et de la terre par souci culturel, par curiosité et avant tout comme un outil pratique.
Voyons le corpus d’œuvres et de mandats pour comprendre de quel travail et de quelle
problématique il s’agit ici de parler. Ce sont des créatures fantastiques, golems-totems, fusions de formes antiques, contemporaines et “aliens”, vestiges érigés en coupe, vase, réceptacle.
Un soleil parasité, un cerbère, un château. En tant que jeune artiste contemporaine genevoise, à la croisée de l’Europe et du monde capitaliste, sa sensibilité nostalgique et la spéculation formelle qui en découle vont de soi.
Il s’agit d’exprimer et faire sens singulier, digérer l’idée d’anthropocène telle qu’elle nous apparaît de plus en plus, uncanned, ingurgitée, vomie et redirigée, uncanny, étrange. Comme l’idée de beau et de mort, l’infini vide et l’objet façonné sont ici tout en tension fascinée. Une ère en soi et en cela un paradigme échappant à notre sens commun, culturel et linéaire, fil rouge de l’Histoire.
À l’heure où le monde matériel se voudrait exponentiel régi par le Léviathan appelée croissance, enchaîné par des géants qui s’effacent, opaques dans leur immensité institutionnelle, olympique; que fera-t-on des porcelaines quand on aura enfin rencontré l’éléphant dans la pièce ? Quelle apparence et quelle vie donner aux chimères, aux titans et autres habitants du musée en cas d’urgence ?
(Texte écrit par Sherian Mohammed Foster)